L"Embrunman, considéré comme l'Ironman le plus difficile au monde.
Les chiffres :
Natation : 3,8 km avec un départ de nuit à 6h00 du matin
Vélo: 188 km et 4100 m de D+ dont l'Izoard 5ce serait une bien belle étape du tour)
CaP: Un petit marathon avec 450 m de D+
Le type d'épreuve que l'on regarde avec admiration et qui parait innaccessible à la plupart d'entre nous.
Krys l'a fait ....
FINISHER EMBRUNMAN 2019
3h du mat j’ai des frissons…. Euh non… 3h du mat je me réveille fraiche comme un gardon. Couchée à 22h, j’ai dormi comme un bébé. Preuve que je suis hyper sereine. Normal cela fait un moment que je me sens prête et les sensations des derniers jours confirment ma bonne forme.
4h départ à pied de l’appart avec les caisses remplies jusqu’à la gueule… sac pour l’Izoard avec ravito perso bouffe et 1 l de boisson isotonic, sac pour la CAP auquel on pourra accéder à chaque tour avec 1,5 l de boisson isotonic…. Je suis bien… mais c’est lourd à porter à bout de bras à pied pendant 1,5 km….je peste… je sens un point de tension dans mon dos… pas bon pour la nat ça …
Formalités, parc à vélo, gonflage des pneus, vérif du matos, pause toilettes (20mn de queue… la loose)…enfilage combi … oups il est déjà 5h40… je m’approche du départ mais on est parquées avec les hommes, impossible d’accéder… le stress monte.. on nage dans 10 mn là quoi… mais je me rassure en voyant qu’on est une vingtaine de filles dans le même stress. Finalement les organisateurs abaissent une barrière et indiquent que seules les filles sont autorisées à passer… merci les gars mais la prochaine fois anticipez un peu.. c’était franchement moyen.
A 5mn du départ je me trouve étrangement zen pourtant la nat de nuit me fait gravement flipper
Juste avant le départ les encouragements du public parqués derrières les barrières juste à coté de nous me happent… l’émotion monte…
Pan, on y va…. Mise en marche de ma montre et course dans les cailloux… premiers coups de bras… ça part très fort.. nous ne sommes que 80 mais les filles qui sont là nagent fort… rapidement un grupetto d’une vingtaine se forme… mais apparemment personne ne sait vraiment où se diriger dans le noir complet… ça brasse, lève la tête… moi même je n’y vois rien… je vise le ponton que j’ai repéré depuis longtemps on verra après.. mais après ce n’est pas mieux… où est la première bouée jaune… galère… franchement ça couterait quoi d’y mettre une petite lumière????? Bref après les 20 premières minutes de la loose je trouve enfin un petit rythme jusqu’à ce que les premiers hommes débarquent… des avions… ceux là nagent par groupe de 4 ou 5 et passent bien à ma gauche. Par ailleurs je fais attention à nager large autour des bouées (que j’ai enfin pu repérer le jour commençant à se lever) pour éviter de les gêner. A la fin du premier tour j’ose un coup d’oeil à ma montre qui m’indique 42 mn… arg… grosse contreperf… bouge toi! Appliques toi! Tires l’eau avec tes petits bras…mais qu’est ce que tu fous Christine… je passe la seconde… mais l’enfer commence là… les hommes me rattrapent en paquets cette fois… me nagent dessus, me doublent et se rabattent juste devant moi, me filent des coups de pied dans le nez… aie! Putain mais qu’est ce que je fous là…heureusement le paysage est merveilleux au lever du jour 😂Conclusion.. le départ en avance des filles c’est une vraie mauvaise idée… si tu ne pars pas dans le ban de nageurs le ban vient à toi..
Bon la plage finit par arriver… je suis déçue de mon temps. ..avec du recul et compte tenu des 100m de rab que je me suis octroyée en 2’11 au 100 c’est pas si mal…
A la transition je n’ai pas froid comme je le craignais, mes manchettes restent dans ma caisse et le coupe vent que j’emporte va faire 180 km bien au chaud dans mon dos. J’oublie mes lunettes de soleil, fais demi tour et sors enfin… en courant SVP… on n’est pas là pour acheter du terrain non plus
A la sortie du parc la voix de Jeff, un collègue de mon club de vélo me hèle… il est là … incroyable… je lui fais coucou et je continue (ce que je ne sais pas c’est qu’il fait une vidéo…)
Début du vélo en montée… je suis bien.. très bien même… je ne m’affole pas la journée va être longue… j’apprécie les encouragements du public… grosse ambiance à 7h30 du mat
La première boucle de 40 bornes passe nickel… je suis surprise de me retrouver aussi vite à Savines le Lac.. les sensations sont très bonnes… je roule cool sans forcer et je mets le même temps qu’à la reco…
Premier ravito… je demande un bidon d’isotonic.. la bénévole me file un bidon à demi plein… moi… Euh mais il est pas plein..Elle… mais si… euh… ben laisse tomber pas le temps de polémiquer… je m’arrête 2 m plus loin pour qu’on finisse de me le remplir… résultat .. mon bidon est plein mais il y a de la boisson plein mon guidon et ma guidoline colle déjà comme après plusieurs heures de course… je suis un peu énervée…
Embrun, les balcons de la Durance, Guillestre tout ça passe crème … je me mets dans ma bulle, me connecte avec mes sensations… avancer le plus vite possible sans me cramer..
Dans les gorges de la Guillestre le faux plat montant que je déteste ça drafte tranquillement devant moi, c’est parfait pour me mettre en colère. De mon coté je gère… appuyer sans m’énerver et sans faire chauffer les cuisses…
Et tout à coup une moto à coté de moi… c’est Jeff du CSVS et Christine sa femme… trop sympa.. on papote et ils font une vidéo qu’ils postent sur le WhatsApp du CSVS… ben là tout le monde sait bien que j’y suis cette fois à Embrun… ça me fait marrer et je me dis que je verrais les commentaires ce soir
Devant moi ça drafte toujours tranquille…une moto avec des juges passe et ne cartonne personne… je suis dégoutée.. au point que je crie à personne … mais putain ça sert à quoi d’avoir des arbitres si ils ne sortent pas les cartons … moi qui ait horreur des gens qui trichent je suis dépitée
Un virage à gauche et c’est déjà la montée à l’Izoard. Je suis bien, je pédale avec plaisir, sans chercher à performer car je sais trop que laisser trop de jus ici pourrait m’être fatal plus tard dans la journée.
Après Brunissard il y a un groupe de 5 jeunes du 42 qui attendent leur pote dans la montée… et qui me lancent des tonnes d’encouragements… allez Christine à tout va… ce serait anecdotique de manière isolée mais en fait tous les 3 virages ils sont là et comme je suis en avance sur leur pote j’ai un vrai fan club… ça me fait marrer et ça fait chaud au coeur.
Je monte bien et j’arrive à l’Izoard 20 mn avant mon temps estimé… à ce moment là je me prends à rêver d’un vélo en 8h40
Au ravito le môme qui est censé me rapporter mon sac n’a pas l’air de savoir compter… 63… ben oui 63… il ne trouve pas… je m’énerve gentiment et hèle l’adulte à coté… qui trouve le 63… merci les gars.
J’engloutis un pain au lait viande séchée, vide mon litre de boisson isotonic dans mes bidons et détalle…
C’est la descente, il fait beau et la route est fermée dans l’autre sens… FEU !!
Bon je suis gênée par une voiture au départ (franchement ceux qui suivent un athlète il faut qu’il achètent un cerveau et qu’il laissent passer les cyclistes en course) mais après je kiffe… la route est belle et sèche… j’ai quand même à l’esprit les recommandations de la veille de Jocelyn de Rillieux triathlon qui a peur que je me croute dans la descente alors je reste très prudente… 77km/h max…😁
Hop c’est déjà Briançon et le début des ennuis
Il y a un fort vent de face et le retour à Embrun est fastidieux… Du 150 au 165ème km j’essuie un coup de moins bien… Rouler seul à plat face au vent ce n’est vraiment pas mon kiff
Pallon… grosse ambiance dans Pallon… il y a du public… un peu comme sur le TDF… des gens en caravane, des gens déguisés… qui vous encouragent, ou attendent ceux qui vont craquer et poser pied..
Je monte tranquille 50% en danseuse souple le reste assise
Ca passe tout seul
Jeff et Christine débarquent en moto quand j’en ai vraiment ras le bol du vent… ça me fait plaisir de les voir. Ça tombe bien car je viens juste de réaliser que blonde comme je suis j’ai mis ma pochette porte gourde dans le sac de transition de la CAP que je ne pourrai récupérer qu’à la fin du 1er tour… soit après 14km…
Je ne profite même pas de la descente, trop de vent, trop dangereux.
Enfin les balcons de la Durance qui signent le début de la fin… je les connais par coeur je les ai fait déjà 4 fois pendant le stage… je gère sans m’énerver et passe au Pont Neuf 45mn avant la barrière horaire..tout va bien
La dernière difficulté, la montée à Chalvet va me donner du fil à retordre…les jambes ne répondent pas terrible et je me fais déposer par une jeune fille, ce qui me file un gros coup au moral. Celui ci revient quand je la double 15 mn plus tard à l’arrêt et qu’elle m’annonce avoir la tête qui tourne… ouaip… tu verras quand tu seras vieille comme moi tu apprendras à gérer tes envies d’appuyer de trop.
La descente défoncée de Chalvet enfin… je fais super gaffe où je mets ma roue.. pas le moment de crever… et pourtant je passe dans un nid de poule… plus de peur que de mal… ouf car à l’inspection de mon vélo aujourd’hui je vois qu’il y a un gentil trou dans la gomme de mon pneu tout neuf…
Transition vélo… éclair… je pose le vélo enfile mes pompes, attrape Pom pote et bouteille d’eau et je file.
Mes jambes sont OK pour courir, grosse satisfaction
Mais elles ne veulent pas aller aussi vite que j’aimerais… le cerveau dis accélère, les jambes disent … euh oui mais comment??? Le cerveau dit laisse tomber… on va gérer aux sensations… je comprends à ce moment là que le marathon va durer à minima 5h … allez patience…
Je cours tout le temps, je ne marche qu’au ravito le temps de boire un gobelet de St Yorre et de repartir… je gère, je suis très contente de moi
D’autant que comme d’habitude je double les coureurs qui sont dans le même tour que moi… les grands gaillards tout minces avec de grandes jambes, les gars avec qui je roulais dans l’Izoard et qui m’ont déposée sur le retour face au vent… ils sont là…
Le triathlon rend humble… c’est surtout une affaire de gestion… si tu a péché par orgueil sur le vélo tu le payes sur la CAP.
A la fin du 1er tour un gars sors de la foule et cours avec moi. C’est Alexis, il me parle 3 mn et me propose une Pom Pote… j’en rêve d’une Pom Pote.. mais sur le coup je lui dis « non .. on n’a pas le droit à l’assistance … » moi qui déteste les tricheurs….mais en moins de 2 la Pom Pote est dans ma main, refilée en douce comme un paquet de clope de contrebande… elle a une saveur exquise bien qu’elle soit vraiment trop chaude :-)
Au passage au parc j’espère enfin récupérer ma ceinture porte eau et mes gels SIS achetés la veille… sauf que dans la caisse 60 à 70 (je porte le dossard 63) il n’y a pas mon sac… ni dans les caisses d’à coté… je suis deg… en cherchant je commence à cramper de l’ischio donc je ne m’éternise pas…
Comment on faisait avant les gels… nutrition naturelle… je fais mon deuxième tour bouteille d’eau dans une main et banane dans l’autre … Ça marche bien aussi…
Je suis dans le dur autour du 16ème km… je doute… que va-t-il se passer autour du 30 et du fameux mur?
Au 21ème je suis contente d’avoir fait 50% du chemin mais j’ai super mal au ventre.. je décide qu’une escale technique s’impose, perte de temps sur l’instant mais salvateur pour la suite.
Par la suite ma copine l’aponévrosite plantaire que j’essaye de dompter depuis 5 mois à grand coups de séance d’ondes courtes, d’étirements et de Diclofénac se rappelle à mon bon souvenir… là sous le pied droit… prête à surgir et à bruler… je suis en sursis je le sais … mais même en boitant je finirais
Je continue mon petit bonhomme de chemin et au 28 ème km je récupère enfin mon ravito perso… une fée a remis mon sac dans la fameuse caisse… du coup je peux prendre ma boisson isotonique, mes pom potes et mes gels…. Le gel à la vanille que j’ingurgite dans la foulée a des saveurs de bonbons… un vrai grand plaisir… merci SIS !!!
A 32 km ma Garmin m’abandonne… plus de batterie… je fais donc le reste de la course aux sensations… 15 mn après (environ 😉) je me fais doubler par une fille qui sort une lampe frontale le jour commençant à baisser. Je décide de la suivre pour profiter de la lumière… mais je me rends compte que son allure baisse. Je connais le parcours par coeur maintenant… je décide d’appuyer sur la fin et je cours au max sur le bord de la Durance où je n’y vois rien…pendant les 5 derniers km je cours à plus de 10km/h (calcul fait à postériori avec le tracking) ce que je n’ai encore pas réalisé sur ce marathon… les endorphines, l’adrénaline… je n’ai mal nulle part, je kiffe, je lève les pieds car je ne vois pas où je les pose… je me dis que j’aurais du attaquer plus tôt mais en fait cela n’aurais pas changé grand chose au résultat final
15h43 plus tard je file vers la ligne d’arrivée. Bras en l’air trop fière de moi
C’est fait, je suis finisher à Embrun !
Une belle journée! 90 % de plaisir.
Le juste dénouement après de longs mois d’entrainement qui m’ont sans doute apporté encore plus de plaisir.
La prépa de cette course a été encore une fois un chemin très énergisant. Même si certains ont du mal à le croire, je prends un énorme plaisir à faire mes sorties longues en CAP à l’aube quand rien ne bouge, à rouler des heures avec les copains et les copines, et même parfois à nager quand les sensations sont bonnes. Bien sûr il faut en passer par des séances de travail moins agréables mais les progrès qu’elles permettent de réaliser en valent la peine.
Cette médaille je la partage avec Eric Donate-Delgado c’est la concrétisation d’un travail d’équipe. Sans lui rien ne serait arrivé. Il est la tête je suis les jambes. Il me prépare mes programmes d’entrainement sur mesure. Je n’ai plus qu’à exécuter sans réfléchir. Et depuis 3 saisons ça marche plutôt très bien… alors merci :-)
#embrunman2019 #quicoach 908 finishers 1170 partants 722 eme au scratch, 54 ème au scratch féminin, 4ème VF3